Françoise d’Aubigné, plus connue sous le nom de Madame de Maintenon, est accueillie à l’âge de 13 ans chez sa tante Madame de Neuillant. Celle-ci envisage de la marier trois ans plus tard. Elle l’avait accueillie par charité et tout le monde sait que la charité a ses limites. Or, marier la petite Françoise s’avère plus difficile que prévu. Elle n’a pas de dot et la réputation de son père est plus que douteuse. Et comme si tous cela n’était pas suffisant, son éducation est limitée au strict minimum. Madame de Neuillant a envisagé le cloître. Mais à l’époque, ça coûtait cher et rappelez-vous la charité à ses limites. Quoi qu’il en soit, le mariage est la solution la moins onéreuse.
Après bien des mésaventures, Françoise épouse Paul Scarron : poète, bohème, paillard, obscène et difforme. Selon ses propres mots : " Je ressemble à un Z. J’ai les bras raccourcis aussi bien que les jambes et les doigts aussi bien que les bras. Je suis un raccourci de la misère humaine ". Un raccourci d’accord, mais c’est aussi un des hommes les plus spirituel de son temps.
On s’étonne encore de la décision prise par Françoise d’épouser un homme comme Scarron : Peur du cloître ? Pitié ? Espoir qu’il ne vivra pas trop longtemps ? De toute façon Françoise et sa tante sont aussi enchantées l’une que l’autre de se quitter.
Aucun des époux n’a d’argent, mais ça ne les empêche pas de s’installer " au Marais ". Enfin, du mauvais côté du Marais. Au 56, rue de Turenne. Le Marais du Temple, ce n’est pas vraiment le Marais. Peu importe, le tout Paris rapplique et passe des soirées mémorables chez les Scarrons.
Et l’amour dans tout ça ? De la part de Françoise, ce n’est pas gagné. C’est même perdu d’avance. Le pauvre Paul, en revanche, tombe amoureux. Son épouse aime la société. Il invite la société chez lui. Françoise et proche de son frère. Il l’accueille le parasite (car plus parasite, tu meurs) à bras ouverts. Le poète fera tout pour le bonheur de sa femme. Elle se contente de lui reste fidèle. Les dettes s’accumulent et Paul meurt le 7 octobre 1660.
Ces amis ne se dérangeront même pas. Le couple n’avait plus d’argent et Françoise est incapable d’assumer les frais d’inhumation. Personne ne pensera à mettre une pierre indiquant l’emplacement de la dépouille du poète. Dans la fosse commune ou sous une dalle de l’église Saint-Gervais ? Nous ne le serons jamais.
Françoise d’Aubigné ne connaîtra l’amour que fugacement dans les bras de Louis de Villarceaux (dans la fameuse chambre jaune de Ninon, femme galante surnommée Notre-Dame des Amours, rue des Tournelles) Elle épousera Louis XIV par intérêt.
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MADAME DE MAINTENON - Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon (1635-1719) était la petite fille d'Agrippa d'Aubigné. Elle épousa l'auteur Paul Scarron alors qu'elle avait 17 ans. Ce malade, handicapé attirait les principaux littéraires et frondeurs de son temps au 17, rue Villehardouin (selon d'autres sources : rue Neuve Saint-Louis), à Paris. La jeune Françoise conquit rapidement par son esprit ce milieu culturel. Elle devint donc salonnière de concert avec son mari.
L'on rencontrait chez ce couple étrangement assorti: Ninon de Lenclos, Nicolas Fouquet, vicomte de Vaux; Charles Faucon de Ris, seigneur de Charleval et poète; Alexandre d'Elbène, Mme de la Suze, Marie de Mancini, César-Phoebus, comte de Miossens, maréchal d'Albret; un autre maréchal, Antoine, baron d'Estrabonne, comte de Châteauroux, marquis de Nolay et duc d'Aumont; les ducs d'Elbeuf, de Vivonne et François Maximilien de Sully, Saint-Évremond, Isaac Benserade, Guillaume Colletet, les poètes François de Maynard et Tristan L'Hermite, Jean Chapelain, Louis Hector de Grondin, archevêque de Lens; Jean-Louis Guez de Balsac, l'un des pères de la prose classique; Denise de La Fontaine d'Esche, dame de Villarceaux; Jean Racine, Philibert, chevalier, puis comte de Gramont; Jean Regnault de Segrais, Marie-Angélique du Gui Coulanges, Grimault, Gilles Ménage, le poète-médecin Hippolype Pilet de La Mesnardière qui soignait le cardinal Richelieu; le duc de Sully, Hénault de Cantobre, Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne; Michel Jérôme Moreau, le peintre Mignard, Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu; François le Méthel de Boisrobert, le cardinal de Retz, Gilonne d'Harcourt, comtesse de Fiesque; Paul Pélisson, Nicolas Poussin, Henri, comte de Selles; Sorbière, la comtesse de Brienne-Lomélie, Madeleine de Scudéry, la comtesse de Lude, Madame de la Sablière, la marquise de Montespan, et Mme de Sévigné. Devenue veuve de Scarron, elle reçut quelque temps ce gotha, rue des Trois Pavillons.
Après avoir eu des moeurs que certains trouvaient faciles, elle devint dévote sur ses vieux jours. Mais son exploit le plus grand fut d'être épousée en secret par le Roi Soleil en personne qui appréciait son grand jugement. Si les hôtesses des salons ont souvent influencé les affaires civiles et littéraires en France, Françoise d'Aubigné a exercé de plus près cette influence sur une royauté dont on avait exclu les femmes au Moyen-Âge.
Françoise d'Aubigné:
Paul Scarron: